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Saints Laurent Ruiz et 15 compagnons, martyrs à Nagasaki au Japon

Saints Laurent Ruiz et 15 compagnons Saints Laurent Ruiz et 15 compagnons 

Un homme ordinaire

Né à Manille en 1594, Laurent Ruiz, mi-chinois, mi-philippin, grandit comme un catholique ordinaire. Il reçut l’éducation des Dominicains, servit comme enfant de chœur et devint calligraphe, transcrivant des documents pour gagner sa vie. Il participait à la vie paroissiale de toutes les manières habituelles.
La vie de famille de Laurent était également ordinaire. Il épousa une Philippine, Rosario ; le couple eut trois enfants et mena une vie quotidienne comme une famille catholique modeste, satisfaite de son sort. Personne n’aurait pu imaginer que la vie de cet homme, qui priait, travaillait et élevait ses enfants comme tant d’autres maris et pères, prendrait un cours totalement inattendu.

Fugitif

La vie de Laurent fut bouleversée par une fausse accusation dont la seule trace se trouve dans le journal d’un prêtre dominicain. Ce dernier écrivit que Laurent s’était réfugié avec les prêtres Antoine Gonzalez, Guillaume Courtet et Michel de Aozaraza car « il était recherché par les autorités à cause d’un homicide dont il avait été témoin ou qui lui avait été attribué. » Avec les trois Dominicains il y avait un prêtre japonais, Vincent Shiwozuka de la Cruz, et un lépreux japonais nommé Lazare. Ils étaient sur le point de partir pour le Japon, et Laurent, qui fuyait les autorités, décida de les suivre.
Ils se dirigèrent vers une terre où le travail des missionnaires portugais avait porté beaucoup de fruits – quelques années auparavant, la ville de Nagasaki comptait plus de 50 000 chrétiens japonais. Mais c’était aussi une terre d’effroi, car le shogunat Tokugawa qui régnait sur le Japon avait commencé une persécution des chrétiens d’une cruauté presque inégalée, remplissant le pays de martyrs et torturant les autres chrétiens jusqu’à ce qu’ils perdent la raison.

Peur

Laurent et ses compagnons furent capturés, et la lutte contre la peur commença. Pendant leur interrogatoire, les hommes acceptèrent de quitter le Japon, mais cela ne suffit pas aux autorités. Le shogunat ne voulait pas seulement que les missionnaires partent. Il voulait les déformer en tant que chrétiens, leur offrant la liberté uniquement s’ils renonçaient à la foi. Le groupe fut emprisonné pendant deux ans et torturé de manière ingénieuse et horrible.
De l’eau fut injectée dans leur gorge et leur abdomen était ensuite pressé avec des planches pour que l’eau ressorte par le nez, la bouche et les oreilles. Leurs corps furent piqués et coupés. Pire encore, il y avait de la torture psychologique. Le Père Gonzalez mourut bientôt. Le Père Shiwozuka et Lazare un moment ont presque renoncé au Christ par pure terreur, mais ils se ressaisirent rapidement, puisant courage dans la foi l’un de l’autre.
Laurent, lui aussi, affronta les ténèbres de la peur, lorsque les forces d’un homme s’épuisent et qu’il regarde la mort dans les yeux.  « Je voudrais savoir », demanda-t-il à l’interprète japonais pendant une séance de torture particulièrement horrible, « si, en apostasiant, ils épargneront ma vie ». Son interprète ne lui donna pas de réponse claire, mais l’Esprit de Dieu pénétra ce membre du Corps du Christ en agonie.

L’offrande

D’une manière ou d’une autre, en plein angoisse, Laurent devint plus fort, même audacieux. Des mots qui ne venaient pas de la peur lui furent donnés pour répondre à ses interrogateurs. Ses persécuteurs étaient en train de perdre à leur terrible jeu, et ils le savaient. Ils décidèrent d’augmenter littéralement la pression. Les hommes furent étroitement ligotés pour ralentir la circulation – à l’exception d’un bras, avec lequel ils pouvaient signaler leur apostasie – et suspendus au-dessus de fosses. Des planches lestées de pierres furent placées autour de leur taille.
Les hommes restèrent suspendus pendant trois jours. C’est au cours de cette dernière épreuve que ce mari et père ordinaire, rempli du Saint-Esprit, a prononça les mots qui définissaient le sens de sa vie. « Je suis catholique », dit-il, « et j’accepte de tout cœur la mort pour Dieu. Si j’avais mille vies, je les lui offrirais toutes. » Il mourut dans la fosse le 28 ou 29 septembre 1637, en même temps que Lazare. Les trois prêtres torturés avec eux furent décapités. Tous ont témoigné par leur mort de Celui qui est la Vie, qui a reçu l’offrande de leur vie extraordinaire et ordinaire.