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Sainte Jeanne d'Arc Vierge

Sainte Jeanne d'Arc, 1504 Sainte Jeanne d'Arc, 1504 

Représentée souvent à cheval, avec une énorme cuirasse au dos, sa frêle silhouette presque étouffée par le fer qui enveloppe son corps, Jeanne est consumée vive par les flammes d’un bûcher le 30 mai. Depuis six cents ans Jeanne d’Arc représente surtout deux icônes: la guerrière victorieuse et la «sorcière» conduite au bûcher. Et c’est entre ces deux images que se résument ses 19 ans de vie; dans son enfance, Jeanne, née le 6 janvier 1412, à Domrémy, au nord-est de la France, aide aux travaux ménagers de la maison et dans les champs; elle connaît à peine ses prières; à treize ans elle devient l’adolescente qui entend des «Voix» du ciel et se sent investie d’une mission grandiose.

De «folle» à «Pucelle»

«Libérer la France». C‘est justement cette mission. Et faire proclamer roi de France Charles VII. Ce sont, dit–elle, d’abord à ses parents, ensuite aux autorités, l’Archange Michel, Catherine d’Alexandrie, Margueritte d’Antioche… qu’elle entend distinctement qui lui commandent cette mission. Les voix sont tout de suite taxées de bizarreries d’une analphabète un peu lunée. Mais lorsque la fille, à 17 ans, s’échappe de la maison, prédit avec exactitude une défaite de la France contre les envahisseurs anglais, ces «rêveries» acquièrent un autre poids. Passée au crible de certains théologiens qui l’interrogent sur sa foi, Jeanne est mise à la tête d’une armée qui marche sur Orléans et assiège la ville. En huit jours seulement, se produit, en termes militaires, le prodige; les Anglais sont successivement battus au cours de batailles, où l’audace de la «Pucelle» est inégalable. Orléans est libérée et le 7 juillet 1429, c’est le sommet de la gloire: Charles VII est couronné à Reims et Jeanne d’Arc avec son étendard, à ses côtés.

Les deux ennemis

Cependant deux forces opposées et semblables conjurent contre la Pucelle. Les Anglais qui n’acceptent pas la défaite par la main d’une petite fille et les Français eux-mêmes, généraux et ecclésiastiques qui ne veulent pas se voir supplantés pour le même motif. Ainsi lorsque Jeanne conduit la libération de Compiègne , le pont-levis est levé avant qu’elle ne puisse se mettre en sécurité, et la jeune fille est capturée par les Bourguignons. C’est le 23 mai 1430 et deux jours plus tard l’Université de Paris demande à l’Inquisition d’intenter un procès à la jeune fille pour sorcellerie. Charles ne fit pas grand-chose pour la libérer et le 21 novembre Jeanne est vendue aux Anglais.

L’âme ne brûle pas

Le procès s’ouvre à Rouen le 9 janvier 1431.
La jeune fille est jugée par une centaine de personnes, parmi les plus expertes et les plus influentes de France et d’Angleterre. Evêques, avocats, ecclésiastiques, prélats de divers grades l’interrogent minutieusement sur des chefs d’accusation comme idolâtrie, schisme, apostasie. Sa foi, l’usage des vêtements d’homme, les «Voix» mystérieuses, chaque chose est objet de dures accusations, et de fausses reconstructions, auxquelles, malgré l’instruction presque inexistante, Jeanne d’Arc, répond avec courage et précision. On lui demande entre autre si elle est en état de grâce de Dieu, et elle réplique: «Si je ne le suis pas, que Dieu veuille m’y mettre car je préfère mourir plutôt que n’être pas dans l’amour de Dieu». Le procès se termine le 24 mars: l’héroïne de France est maintenant une hérétique à exécuter. Le 30 mai elle monte au bûcher dressé sur la place du Vieux-Marché de Rouen. Elle meurt brûlée vive, les yeux fixés sur la grande Croix de procession que Frère Isembard de la Pierre a emmenée pour elle. L’Eglise réhabilite solennellement Jeanne d’Arc en 1456 et Pie X la béatifie en 1910. Et dix ans plus tard elle est canonisée par Benoît XV.