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François: «c’est en nous laissant toucher par Jésus que nous guérissons à l’intérieur»

Lors de la messe de canonisation de Mama Antula, le Pape, commentant les lectures du jour, a mis en garde contre trois “lèpres de l'âme” : la peur, les préjugés et la fausse religiosité. C'est en nous laissant toucher par le Christ que nous sommes des témoins de l'amour qui sauve, comme le fût la nouvelle sainte argentine.

Olivier Bonnel - Cité du Vatican

Après le chant du Veni Creator, le cardinal Marcello Semerara, préfet du dicastère pour les Causes des saints s'est avancé vers le Pape François pour réciter la traditionnelle formule demandant au Saint-Père d'inscrire la bienheureuse María Antonia de San José de Paz y Figueroa sur le registre des saints. Il était accompagné de Silvia Correale, postulatrice de la cause de canonisation de celle qui est appelée Mama Antula.

Le Pape qui a rendu hommage dans son homélie à la vie de la première sainte argentine, expliquant combien elle avait été «touchée» par Jésus lors d’Exercices Spirituels, dans un contexte de misère matérielle et morale. C'est sur le "toucher" que l’évêque de Rome a axé sa réflexion, en commentant les lectures du jour tiré du Lévitique (Lv 13, 1-2.45-46) et de l'Évangile de Marc (Mc 1, 40-45) qui évoquent tous deux des lépreux.

Les trois “lèpres de l'âme”

La lèpre est «une maladie qui entraîne une destruction physique progressive de la personne et à laquelle, malheureusement, des attitudes de marginalisation sont encore souvent associées en certains lieux» a rappelé le Pape. «Lèpre et marginalisation: ce sont deux maux dont Jésus veut libérer l’homme qu’il rencontre dans l’Évangile». Livré à lui-même, le lépreux fût condamné à vivre dans l'isolement. Ce sont la peur d'être contaminé par lui et les préjugés, selon lesquels Dieu l'aurait puni d'une faute, qui ont poussé à l'exclure. A celà s'est ajouté le crainte de devenir impur si l'on venait à le toucher. Une attitude que François a auqlifié de «fausse religosité».

«La peur, les préjugés et la fausse religiosité sont les trois causes d’une grande injustice, trois “lèpres de l'âme” qui font souffrir le faible et qui le rejettent comme un déchet» a ainsi expliqué le Souverain pontife, en soulignant qu'il ne s'agit pas «d’un passé révolu». «Combien de personnes souffrantes rencontrons-nous sur les trottoirs de nos villes ! Et combien de peurs, de préjugés et d’incohérences, même chez ceux qui croient et se disent chrétiens, contribuent à les blesser davantage!» a ainsi demandé François.

Le portrait de Mama Antula, canonisée ce dimanche
Le portrait de Mama Antula, canonisée ce dimanche

Le toucher et la guérison 

Le Pape a invité à regarder l'attitude de Jésus qui touche et qui guérit. En touchant le lépreux, le Christ inverse les rôles: le malade, une fois guéri, pourra aller voir les prêtres et être réadmis dans la communauté; Jésus, en revanche, ne pourra plus entrer dans aucun lieu habité. Le Seigneur aurait pu "guérir à distance", mais «il n’est pas ainsi, son chemin est celui de l’amour qui se fait proche de ceux qui souffrent, qui entre en contact, qui touche leurs blessures» a encore expliqué François.

«Nous, qui aimons et suivons Jésus, savons-nous nous approprier son “toucher” ?» a-t-il ensuite demandé aux fidèles. Et de mettre en garde contre les tentations de nous éloigner des autres, de nous réduire «aux murs de notre “bien-être” ». François a ainsi dénoncé la “lèpre de l’âme” qui est une grande tentation contemporaine: «une maladie qui nous rend insensibles à l’amour, à la compassion, qui nous détruit par la “gangrène” de l’égoïsme, des idées préconçues, de l’indifférence et de l’intolérance».

Après avoir touché, Jésus guérit. «C’est en nous laissant toucher par Jésus que nous guérissons à l’intérieur, dans notre cœur» a encore rappelé le Pape, invitant à nous laisser toucher par Lui par sa Parole et par les sacrements. Il faut le faire par la prière, en posant cette question: «est-ce que je laisse Jésus toucher ma “lèpre” pour qu’il me guérisse?».

Mama Antula, "pionnière de l'Esprit

La régénération des corps et de l'âme sont des miracles qui ne nécessitent pas «des formes grandioses et spectaculaires pour s’accomplir» a encore souligné François. Il s'agit au contraire d'un miracle «qui se produit surtout dans la charité cachée de tous les jours: celle qui se vit en famille, au travail, dans la paroisse et à l’école, dans la rue, dans les bureaux et les magasins; celle qui ne cherche pas la publicité et qui n’a pas besoin d’applaudissements, parce que l’amour suffit l’amour». 

Mama Antula «a parcouru des milliers de kilomètres à pied, à travers les déserts et les routes dangereuses, pour apporter Dieu. Aujourd'hui, elle est pour nous un modèle de ferveur apostolique et d'audace» a rappelé le Pape, saluant en elle «une pionnière de l'Esprit».  «Lors de l'expulsion des Jésuites, l'Esprit a allumé en elle une flamme missionnaire basée sur la confiance en la Providence et la persévérance. Elle invoque l'intercession de saint Joseph et, pour ne pas trop le fatiguer, celle de saint Gaétan de Thiene. Il introduisit donc la dévotion à ce dernier et sa première image arriva à Buenos Aires au XVIIIe siècle. Grâce à Mama Antula, ce saint, intercesseur de la Divine Providence, est entré dans les maisons, les quartiers, les transports, les magasins, les usines et les cœurs, pour offrir une vie digne par le travail, la justice et le pain quotidien sur la table des pauvres». 

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11 février 2024, 10:09