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Le Pape recevant les membres de la Fondation Centesimus Annus, le 23 octobre 2021. Le Pape recevant les membres de la Fondation Centesimus Annus, le 23 octobre 2021. 

Le Pape François invite à résister à la domination de la finance

Dans son discours à la Fondation Centesimus Annus – Pro Pontifice, qui porte le nom de l’encyclique de Jean-Paul II sur la doctrine sociale, publiée en 1991, le Pape François a une nouvelle fois dénoncé avec fermeté le règne de l’argent et la culture de l’indifférence.

Cyprien Viet – Cité du Vatican

En recevant ce samedi 23 octobre les participants au congrès de cette fondation, le Pape en a évoqué les principaux thèmes: «la solidarité, la coopération et la responsabilité comme antidotes à l'injustice, à l'inégalité et à l'exclusion».

«Ce sont des réflexions importantes à l'heure où les incertitudes et la précarité qui marquent l'existence de tant de personnes et de communautés sont aggravées par un système économique qui continue de se débarrasser de vies au nom du dieu argent, en inculquant des attitudes rapaces à l'égard des ressources de la Terre et en alimentant tant de formes d'inégalité», a expliqué François.

Il a toutefois reconnu que «dénoncer le mal» ne suffit pas: il faut aussi «promouvoir le bien». Il a donc remercié les acteurs de la Fondation pour leurs activités, «surtout dans le domaine de l'éducation et de la formation», et notamment leur «engagement à financer des études et des recherches pour les jeunes sur les nouveaux modèles de développement économique et social inspirés par la doctrine sociale de l'Église».

Faire germer un nouveau modèle économique

«Dans le sol pollué par la domination de la finance, nous avons besoin de nombreuses petites graines qui feront germer une économie juste et bénéfique, à l'échelle humaine et digne de l'homme. Nous avons besoin de possibilités qui deviennent des réalités, des réalités qui donnent de l'espoir. Cela signifie traduire la doctrine sociale de l'Église en pratique». Sortant de son texte, le Pape a néanmoins évoqué une discussion qu’il avait eu avec une femme économiste, qui avait reconnu son impuissance à relier sa responsabilité dans la finance avec des notions d’humanisme et de foi qu'elle voulait mettre en pratique.

Le Pape a expliqué que les trois mots «solidarité, coopération et responsabilité» sont les pierres d’angle de la doctrine sociale de l'Église «qui considère la personne humaine, naturellement ouverte à la relation, comme le sommet de la création et le centre de l'ordre social, économique et politique». La pensée économique et sociale de l’Église s’oppose donc à la fois à une dérive «individualiste» mais aussi à la logique «collectiviste», «qui réapparaît aujourd'hui dans une nouvelle version, cachée dans les projets de standardisation technocratique».

Un lien direct avec la Parole de Dieu

«La doctrine sociale est ancrée dans la Parole de Dieu, afin d'orienter les processus de promotion humaine à partir de la foi en un Dieu fait homme. C'est pourquoi elle doit être suivie, aimée et développée: reprenons la doctrine sociale, faisons-la connaître: elle est un trésor de la tradition de l'Église ! C'est précisément en l'étudiant que vous vous êtes sentis vous aussi appelés à vous engager contre les inégalités, qui frappent surtout les plus faibles, et à œuvrer pour une fraternité réelle et effective», a expliqué le Pape.

Dans une optique théologique, le Pape a aussi relié cette trilogie «solidarité, coopération, responsabilité » avec «le mystère de Dieu lui-même, qui est Trinité. Dieu est une communion de personnes et nous pousse à nous réaliser par une ouverture généreuse aux autres (solidarité), par la collaboration avec les autres (coopération), par l'engagement envers les autres (responsabilité)».

Les chrétiens sont donc invités à mettre en œuvre cette dynamique trinitaire «dans toutes les expressions de la vie sociale, à travers les relations, le travail, l'engagement civil, le rapport avec la création, la politique: dans tous les domaines, nous sommes aujourd'hui plus que jamais obligés de témoigner du souci des autres, de sortir de nous-mêmes, de nous engager avec gratuité dans le développement d'une société plus juste et équitable, où l'égoïsme et les intérêts partisans ne prévalent pas. En même temps, nous sommes appelés à être vigilants quant au respect de la personne humaine, de sa liberté et de la protection de sa dignité inviolable», a insisté l’évêque de Rome.

Une marche avec Jésus à nos côtés

Dans ce chemin, même si cela signifie aller à contre-courant, «nous ne sommes pas seuls. Dieu s'est approché de nous. Pas avec des mots, mais avec sa présence: en Jésus, Dieu s'est incarné. Et avec Jésus, qui s'est fait notre frère, nous reconnaissons en chaque homme un frère, en chaque femme une sœur.»

Les chrétiens sont donc «appelés à un amour sans frontières et sans limites, signe et témoignage que nous pouvons aller au-delà des murs de l'égoïsme et des intérêts personnels et nationaux; au-delà du pouvoir de l'argent qui décide souvent des causes des peuples; au-delà des barrières des idéologies, qui divisent et amplifient la haine; au-delà de toutes les barrières historiques et culturelles et, surtout, au-delà de l'indifférence: cette culture de l'indifférence qui, malheureusement, est quotidienne», a souligné François.

«C'est donc une grande tâche que de construire un monde plus solidaire, plus juste et plus équitable. Pour un croyant, ce n'est pas quelque chose de pratique détaché de la doctrine, mais c'est donner corps à la foi, à la louange de Dieu, à l'amour de l'homme, à l'amour de la vie. Oui, chers frères et sœurs, le bien que vous faites à chaque personne sur la terre réjouit le cœur de Dieu au ciel. Poursuivez votre voyage avec courage», a conclu François, avant de bénir les participants.

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23 octobre 2021, 13:02