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Les habitants de l'Amazonie péruvienne sont venus en nombre pour accueillir le Pape François Les habitants de l'Amazonie péruvienne sont venus en nombre pour accueillir le Pape François 

En Amazonie, le Pape fustige la «culture machiste» et l'exploitation des femmes

La ville amazonienne de Puerto Maldonado, situé à l’Est du Pérou, non loin de la frontière bolivienne, accueille le Pape François pour sa première journée dans le pays. Après une rencontre marquante avec les peuples indigènes, le Saint-Père a rencontré la population locale. L’occasion pour François d’adresser, une fois encore, un appel vibrant pour la protection de la terre et la dignité des personnes.

Olivier Bonnel, envoyé spécial à Lima et Manuella Affejee - Cité du Vatican.

C’est un accueil triomphal et chaleureux qu’ont réservé les habitants de Puerto Maldonado au Pape François ; avec eux, de nombreuses personnes venues des recoins de l’Amazonie péruvienne, mais aussi des pays voisins comme le Brésil ou la Bolivie. «Quelle belle image de l’Église qui ne connaît pas de frontières et dans laquelle tous les peuples peuvent trouver place !» leur a lancé le Pape, qui a rappelé la beauté du nom de cette région, dont Puerto Maldonado est la capitale:  «Madre de Dios», «Mère de Dieu».

Et c’est justement l’exemple de la Vierge Marie que le Pape a proposé à ces populations. Marie, un témoin à regarder, mais surtout une mère. «Et s’il y a une mère, il y a des enfants, il y a une famille, une communauté» ; «cette terre n’est pas orpheline ! Elle a une mère», a clamé le Saint-Père.

La terre et les hommes, victimes de la culture du rejet

Or, «il est regrettable a déploré le Pape, de constater comment certains veulent éteindre cette certitude et transformer Mère de Dieu en une terre anonyme, sans enfants, une terre stérile, facile à vendre et à exploiter».

Une nouvelle fois, le Pape a mentionné cette culture du rejet, laquelle, non contente d’écarter, progresse, «faisant taire, en ignorant et en écartant tout ce qui ne sert pas ses intérêts». «C’est une culture anonyme, sans liens, sans visages», «qui ne veut que consommer», et dont les effets s’avèrent particulièrement prégnants sous ses latitudes tropicales. «La terre est traitée dans cette logique a-t-il dénoncé: les forêts, les fleuves et les ravins sont usés, utilisés jusqu’à la dernière ressource et ensuite abandonnés, inoccupés et inutiles», à l’instar des personnes qui la peuplent.

Non à la culture machiste

Et François d’évoquer le thème douloureux de la traite des personnes, assimilable, selon lui, à de l’esclavage. Et les exemples de cette exploitation mortifère sont légion sur cette terre, pourtant confiée à la Mère de Dieu. Le Pape a notamment mentionné les violences et outrages infligés aux femmes, -surtout adolescentes-, fustigeant avec force une «culture machiste qui ne prend pas en compte le rôle important de la femme dans nos communautés.»

Les multiples possibilités offertes par l’Amazonie ont attiré de nombreuses personnes en quête d’une vie meilleure, séduites par «l’éclat prometteur de l’exploitation de l’or». Mais l’or peut devenir un «faux dieu qui exige des sacrifices humains», a affirmé le Saint-Père avec gravité, condamnant le pouvoir éminemment corrupteur des idoles.

Aimer la terre, en prendre soin comme d'un trésor

Pour affronter ces situations problématiques, le Pape a donc encouragé les habitants de cette région à s’organiser en mouvements et communautés ecclésiales. «Notre Père regarde les personnes concrètes, avec leurs visages et leurs histoires. Toutes les communautés chrétiennes doivent être le reflet de ce regard, de cette présence qui crée des liens, qui crée une famille et une communauté. Des communautés, où chacun se sent partie prenante, se sent appelé par son nom et encouragé à être artisan d’une vie pour les autres, sont une manière de rendre visible le Royaume des cieux », a-t-il déclaré.

Et de conclure son intervention par cet appel vibrant: «Aimez cette terre (…)! Flairez-la, écoutez-la, émerveillez-vous en! Tombez amoureux de cette Mère de Dieu, engagez-vous et sauvegardez-la !», enjoignant les habitants de l’Amazonie à jouir de cette terre comme d’un trésor, «à (la) faire prospérer et à (la) transmettre à vos enfants».

Résumé en français de la rencontre avec la population locale de Puerto Maldonado

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19 janvier 2018, 18:55