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Un enfant reçois le vaccin contre le paludisme au Cameroun Un enfant reçois le vaccin contre le paludisme au Cameroun  (ANSA)

Au Cameroun, une campagne de vaccination pour combattre le paludisme

Le 22 janvier dernier, le Cameroun a lancé la première campagne de vaccination systématique et à grande échelle au monde contre le paludisme. Une étape «historique» saluée par l'OMS. Selon cette organisation, la «malaria», tue plus de 600 000 personnes chaque année, dont 95% en Afrique. Dans une interview accordée à Vatican-News, Docteur Ngo-Nsog Marianne, experte camerounaise en santé publique, a expliqué qu’avec le vaccin RTS,S, «on espère réduire le taux de mortalité et de morbidité».

Stanislas Kanbashi, SJ – Cité du Vatican

Le lancement de cette première campagne de vaccination contre le paludisme, également appelé «malaria», a eu lieu à Yaoundé la capitale camerounaise, assuré par Docteur Malachie Manaouda, ministre de la santé publique. Cette campagne a été précédée d’une phase pilote de trois ans dans trois pays africains: le Ghana, le Kenya et le Malawi, «pour essayer d'éliminer ou de réduire la morbidité de 2000 décès par an», a expliqué Docteur Ngo-Sog. 331 200 doses de vaccin RTS,S sont arrivées au Cameroun, a-t-elle précisé. «Pour nous, c'est quelque chose de grandiose, c'est un grand pas, parce que le Cameroun est un pays subsaharien au-dessus de l'équateur et c'est un pays qui est en zone endémique, sur les douze mois, peut-on dire». Ce pays d’Afrique centrale est couvert des vastes zones de forêt qui, selon l’experte, sont toujours exposées au paludisme. Ce vaccin est donc pour elle un grand apport, qui pourra contribuer à réduire la morbidité due à cette maladie.

Les enfants, cible première et privilégiée

Le vaccin antipaludéen a pour principe actif le RTS,S, a expliqué le médecin camerounais. «Il est constitué de la séquence répétitive de l'épitope et de lymphocytes T de la protéine circumsporozoïte. Il agit contre le Plasmodium falciparum, le parasite le plus mortel à l'échelle mondiale et le plus prévalant en Afrique, au Cameroun en particulier». Il est administré en quatre doses, avec pour cible première «les enfants âgés de six mois, au 31 décembre 2023». 28 jours après réception de la première dose, «on peut dire que la personne a commencé son processus d’immunisation». Le rappel peut se faire après 12 ou 24 mois.

Des manifestions adverses post immunisation

Au sujet des effets secondaires, scientifiquement appelés «manifestions adverses post immunisation, mapi», l’experte camerounaise a expliqué que tout vaccin en comportent. Ces «mapi» peuvent être sévères, graves ou minimes, en fonction des organismes. Dans le cas du VAP – vaccin antipaludéen, – on peut constater certaines manifestations: la zone d’inoculation peut rougir ou enfler. Mais, de manière concrète, au stade actuel de la campagne, il n’est pas encore possible d’identifier tous les effets secondaires, car le programme pilote de mise en œuvre du vaccin contre le paludisme s'est achevé en décembre 2023. Les résultats complets de ce programme pilote de vaccination dans les trois pays africains, dénommé MVP, doivent être disponibles après 36 mois, a précisé Docteur Ngo-Sog. Ce programme est coordonné par l’OMS et soutenu par des partenaires nationaux, dont l'UNICEF.

Suivre l'entretien avec Docteur Ngo-Nsog Marianne, experte camerounaise en santé publique

Un vaccin pour réduire la morbidité et la mortalité infantiles

Selon les statistiques de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le paludisme, tue plus de 600 000 personnes chaque année, dont 95 % en Afrique et parmi lesquels 80 % sont des enfants. Pour le médecin camerounais, le vaccin est le meilleur moyen de prévention. Il est indiqué pour combattre, voire éradiquer plusieurs maladies. Dans une zone endémique comme l’Afrique subsaharienne où la malaria sévit de façon permanente, «le vaccin contre le paludisme, le VAP, est la bienvenue parce que les taux de morbidité et de mortalité étant élevé, dans la mesure où nous allons prévenir la morbidité du paludisme». Ce vaccin pourra contribuer de manière efficace à réduire la morbidité, voire la mortalité des enfants de moins de cinq ans par rapport aux années passées, a déclaré l’experte en santé publique.

42 districts prioritaires, avec des taux de morbidité et de mortalité les plus élevés

Sur les 200 districts de santé que compte le Cameroun, 42 ont été déclarés prioritaires, parce que, selon des études faites, ces zones présentent des taux de morbidité et de mortalité les plus élevés de la carte sanitaire du pays, a expliqué le médecin camerounais. L’objectif général de la vaccination étant de réduire la morbidité et la mortalité causées par le paludisme, la vaccination va continuer dans les autres districts de santé du Cameroun, a-t-elle rassuré. Avec le soutien des partenaires comme l’OMS, l’UNICEF et GAVI, docteur Ngo-Sog espère que le pays pourra poursuivre cette campagne de vaccination dans les années à venir. Le Cameroun, a-t-elle noté, fait partie des onze pays les plus touchés par le paludisme dans le monde, et enregistre plus de 3 millions de cas de maladie. 3 800 ont été déclarés depuis 2021. Il y a la couverture sanitaire universelle, mais le pays pourra tenir avec l’appui des partenaires, a-t-elle déclaré.

Prévenir en assainissant nos milieux de vie

Outre le vaccin, pour mieux prévenir la malaria, l’experte camerounaise estime qu’il faut mettre sur pied un bon système de communication, pour informer, entre autres, sur comment éviter la piqure de l’anophèle femelle, qui vit dans les flaques d’eau. Les populations doivent aussi être éduquées et encadrées sur l’assainissement et l’hygiène environnemental «par le personnel de santé, particulièrement par les experts en santé publique que nous sommes, pour leur apporter l'information adéquate», sur comment améliorer le style de vie, «comment faire pour ne pas être exposé aux piqûres des anophèles femelles». Les parents peuvent aussi jouer ce rôle d’éducateurs auprès des enfants et dans les familles, déclare Docteur Ngo-Sog, qui conseille également l’adoption de la méthode prophylactique, l’utilisation de la moustiquaire. Il faut aller dans la moustiquaire avant 21 heures ou au plus tard à 21 heures pour éviter les piqûres des anophèles et puis nettoyer les milieux de vie «parce que les anophèles femelles habitent également dans les broussailles, ces champs de maïs qui nous entourent, ces flaques d'eau».

L’experte invite les gouvernements à envoyer des agents d'assainissement pour assainir les quartiers et les logements avant l'arrivée du vaccin ou en cas de rupture de stock, «pour que les populations puissent être protégées par rapport à cette malaria qui fait beaucoup beaucoup beaucoup de décès en Afrique et au Cameroun particulièrement».

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31 janvier 2024, 16:13