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Des visiteurs au mémorial de Yad Vashem, à Jérusalem, construit en mémoire des victimes juives de la Shoah perpétrée par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale. Des visiteurs au mémorial de Yad Vashem, à Jérusalem, construit en mémoire des victimes juives de la Shoah perpétrée par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale.   (ANSA)

Journée de la mémoire de l’Holocauste: l’appel d'une femme rabbin

Le 27 janvier est la Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l'Holocauste. Tamar Elad-Appelbaum, femme juive rabbin israélienne, lance sur les ondes de Radio Vatican un appel à transmettre cette mémoire et à renforcer la fraternité entre les peuples. Elle participe en ce moment à une conférence qui se tient à Rome sur l’engagement des femmes dans le dialogue interreligieux.

Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican

"Récits de la construction d’une culture de la rencontre", tel était le thème de la dernière table ronde qui a réuni ce vendredi matin à l’Université pontificale Urbanienne des femmes de religion jaïn, taoïste, bouddhiste et chrétienne. Depuis mercredi, des femmes de douze différentes confessions religieuses, engagées dans le dialogue interreligieux, sont rassemblées pour partager, s’écouter et réfléchir à la manière dont construire des cultures de paix. Intitulée "Les femmes construisent une culture de la rencontre interreligieuse", cette conférence internationale, une première sur ce thème au Vatican, se tient sous l’égide du dicastère pour le Dialogue interreligieux et de l’Union mondiale des organisations féminines catholiques.

Combattre le mal à la racine

S’engager pour la paix et la fraternité est un défi que l’on évoque également lorsqu’il s’agit de se souvenir des victimes de l’Holocauste, tout particulièrement en ce 27 janvier. La Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de la Shoah vient interroger sur la transmission de cette mémoire et la lutte contre l’antisémitisme toujours observable en divers pays.

Le Pape François, qui a reçu hier en audience les participantes à la conférence, a mentionné mercredi lors de l’audience générale «le souvenir de cette extermination de millions de personnes, juives et d'autres confessions» - six millions de Juifs au total. Il «ne peut être ni oublié ni nié, a-t-il déclaré. Il ne peut y avoir d'engagement constant à construire ensemble la fraternité sans d'abord dissiper les racines de la haine et de la violence qui ont alimenté l'horreur de l'Holocauste», a rappelé le Saint-Père.


Cet appel à la pacification rejoint celui de l'une des femmes venues pour cette conférence, Tamar Elad-Appelbaum, rabbin israélienne, née à Jérusalem, où elle vit. Elle est responsable d’une communauté religieuse juive (Kehilat Zion) et a co-fondé un séminaire (beth midrash) pour hommes et femmes rabbins israéliens. Son travail relie la tradition et l'innovation, œuvrant à la renaissance spirituelle et éthique juive. Elle se consacre spécialement au renouvellement de la vie communautaire en Israël et à la défense des droits de l'homme.

L'appel de Tamar Elad-Appelbaum

À propos de la mémoire de l’Holocauste, Tamar Elad-Appelbaum «pense que nous avons une double mission à notre époque: d’abord, celle de dire que c’est arrivé. Des millions de juifs ont été tués, et aujourd’hui aussi, on voit tant de personnes qui paient le prix pour un mal qu’ils n’ont jamais commis envers personne», explique celle qui mentionne aussi les membres de sa famille exterminés à Auschwitz. Son grand-père maternel, Alphonse Cerf, a survécu, précise sa descendante, sauvé par un prêtre, le père Fleury, qui était à la tête d’un réseau de Résistance.

Être le gardien de son frère

Face à la résurgence d’actes haineux, «nous devons arrêter cela, et notre responsabilité est de faire savoir que c’est arrivé, et d’apprendre que c’est à nous de l’arrêter, explique la rabbin israélienne. Notre capacité à tirer des leçons des horreurs que les humains peuvent faire à d’autres va de pair avec la responsabilité d’arrêter cette horreur, où qu’elle arrive. Plus nous apprenons et nous acceptons que l’Histoire porte tant de traumatismes, de cruautés et d’horreurs, plus nous comprenons que c’est moi, que c’est nous, chacun de nous qui avons à rester debout face à l’horreur, à la cruauté, à l’appétit, et à créer de l’empathie, de la solidarité et le courage de se protéger les uns les autres. Parce que lorsque je suis le gardien l’autre, je suis mon propre gardien, souligne-t-elle. Nous sommes tous connectés, nous sommes comme un bel arbre d’une seule humanité, nous sommes une famille humaine. En tant que personne religieuse, je sais que Dieu nous a créé et nous formons une unique famille, nous sommes une famille», insiste Tamar Elad-Appelbaum, qui exprime aussi sa gratitude envers le Pape François, pour son engagement en faveur de la fraternité et du dialogue entre les différentes religions.


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27 janvier 2023, 14:09