Recherche

Le rapport de l'Independent Inquiry into Child Sexual Abuse (IICSA) révèle que les abus sexuels sur les enfants constituent une épidémie en Grande-Bretagne. Le rapport de l'Independent Inquiry into Child Sexual Abuse (IICSA) révèle que les abus sexuels sur les enfants constituent une épidémie en Grande-Bretagne. 

Rapport IICSA: les abus sexuels sur les enfants, une épidémie en Grande-Bretagne

Après sept années d'enquêtes en Angleterre et au pays de Galles, à l'écoute de six mille deux-cent victimes, le rapport de l'Independent Inquiry into Child Sexual Abuse a été publié jeudi 21 octobre. «Il ne s'agit pas seulement d'une aberration historique survenue il y a plusieurs décennies», souligne le coordinateur des travaux, mais «d'un problème en constante augmentation».

Antonella Palermo - Cité du Vatican

Le rapport de l'Independent Inquiry into Child Sexual Abuse (IICSA) a été publié le 21 octobre, après sept années d'enquête en Angleterre et au pays de Galles, au cours desquelles les témoignages de six mille deux-cent victimes ont été recueillis. Le document note que les abus sexuels sur les enfants sont une épidémie en Grande-Bretagne, touchant des millions de victimes, avec «des actes vils et horribles cachés pendant des décennies, les institutions et les politiciens privilégiant la réputation au détriment du bien-être des jeunes».

La maltraitance: pas une aberration historique, mais une épidémie

«La nature et l'étendue des abus que nous avons découverts étaient choquantes et profondément troublantes», a déclaré aux journalistes Alexis Jay, un expert en travail social qui a dirigé l'enquête. «Il ne s'agit pas seulement d'une aberration historique survenue il y a plusieurs décennies, dit-il, mais d'un problème en constante augmentation». Au cours de l'enquête, la coordinatrice souligne avoir remarqué à plusieurs reprises comment les allégations d'abus ont été ignorées, les victimes blâmées et les institutions ont fait passer, selon elle, leur propre réputation avant la protection des enfants.

D'où, l'appel lancé aux gouvernements pour qu'ils agissent «immédiatement». Pour sa part, le ministre de l'Intérieur du gouvernement démissionnaire de Liz Truss, Grant Shapps, s'est engagé à «utiliser tous les leviers disponibles pour protéger les enfants, améliorer l'application de la loi et la réponse de la justice pénale, apporter aux victimes le soutien qu'elles méritent et veiller à ce que toutes les institutions et leurs dirigeants soient véritablement responsables».

Parmi les recommandations, le signalement obligatoire par les éducateurs

L'enquête a consisté à écouter sept cent vingt cinq témoins et à examiner près de 2,5 millions de pages de preuves. Plus de six mille victimes et survivants ont raconté leur expérience. L’expert en travail social Alexis Jay, a déclaré que les abus concernaient des enfants et des nourrissons, et étaient souvent accompagnés d'une violence extrême et d'actes de sadisme. Les victimes sont de plus en plus jeunes, avec une augmentation de 45 % des crimes contre les enfants de moins de quatre ans ces dernières années.

L'enquête a formulé vingt recommandations, dont trois mesures clés: une nouvelle loi obligeant certaines personnes travaillant avec des enfants à signaler les abus sous peine de poursuites; la création d'une autorité de protection de l'enfance; et un programme d'indemnisation visant à apporter une aide financière aux survivants d'abus. Le gouvernement a déclaré qu'il répondrait au rapport d'enquête dans un délai de six mois et s'est engagé à «traduire son travail en actions».

La protection des auteurs de crimes a négligé le bien-être des jeunes

Le rapport de l'Independent Inquiry into Child Sexual Abuse a été créé en 2015 après une série de scandales d'abus sexuels sur des enfants impliquant des personnalités très en vue. Quinze enquêtes ont été menées, exposant le calvaire des enfants confiés aux services sociaux dans un arrondissement de Londres dans les années 1960.

Il a également mis au jour des abus au sein de l'Église catholique, de l'Église d'Angleterre et du centre politique britannique de Westminster. L'Église anglicane a été amenée à s'excuser pour avoir «échoué à protéger» les victimes de prêtres pédophiles. Selon le document, les politiciens, les chefs religieux et les organismes locaux d'aide sociale ont ignoré et couvert activement les allégations afin de protéger les auteurs et leur réputation, tandis que la police a fait preuve d'une déférence excessive à l'égard des personnes de la vie publique.

L'Église s'engage à assurer la sécurité et à écouter les victimes

Le Conseil catholique pour l'enquête indépendante sur les abus sexuels envers les enfants, créé au début de l'enquête, accueille favorablement ce rapport, promettant d'étudier attentivement son contenu et ses recommandations. Le site web de la Conférence des évêques d'Angleterre et du pays de Galles indique qu'il n'y aura aucun relâchement, dans les efforts visant à «sécuriser la vie et le travail de l'Église». Il note également qu'en novembre 2020, l'Église a commandé un examen indépendant de son travail et de ses structures de sauvegarde, qui est actuellement mis en œuvre.

Le nouvel organisme national de protection, la Catholic Safeguarding Standards Agency (CSSA), qui a commencé à fonctionner en avril 2021, assure une fonction de réglementation pour les organisations religieuses, en veillant à ce que toutes les normes soient respectées. Ce qui est considéré comme une priorité, c'est de donner la parole aux victimes et aux survivants.

«Il est important pour nous de présenter une fois de plus des excuses sans réserve à tous ceux qui ont été blessés par des abus dans l'Église catholique romaine d'Angleterre et du pays de Galles», note-t-il, «et de réaffirmer notre engagement à affiner et à améliorer continuellement notre travail de sauvegarde pour protéger tous les enfants et les personnes vulnérables».

 

Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici

21 octobre 2022, 14:15