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Réfugiés ukrainiens au poste frontière de Sighet, en Roumanie, le 9 mars 2022. (Vatican Media) Réfugiés ukrainiens au poste frontière de Sighet, en Roumanie, le 9 mars 2022. (Vatican Media) 

Ukraine: les frontières de l’espérance

Plus de deux millions d’Ukrainiens ont déjà franchi les frontières ouest et sud de leur pays pour fuir la guerre, à la recherche d’un lieu où ils seraient en sécurité. Pour ces femmes, hommes et enfants, chaque poste de douane est symbole de profonde détresse, mais également d'espérance.

Jean Charles Putzolu - Sighet (Roumanie)

Les pays changent, mais pas les «décors» traversés. Moldavie, Roumanie, les postes frontières avec l’Ukraine offrent tous la même vision: de longues files de voitures et un flux continu de jeunes mamans, d’enfants, de nourrissons, de personnes âgées. De ce côté de la frontière roumaine, leur sécurité est enfin assurée. À Siret, dans le nord du pays, sur le bord de la route qui mène au poste de douane, une colonne de stands installés à la va-vite attend les réfugiés. En la remontant, les familles transies de froid peuvent boire ou manger quelque chose de chaud, avant d’être accompagnées vers des lieux d’hébergement temporaires.

Quelques kilomètres plus loin, la Caritas a transformé une grande salle en dortoir. Une trentaine de lits sont occupés chaque jour, les familles étant amenées ici via les véhicules des pompiers.

Centre d'accueil temporaire de la Caritas à Siret
Centre d'accueil temporaire de la Caritas à Siret

Des volontaires alternent 24 heures sur 24 pour apporter un minimum de confort aux réfugiés, et surtout un peu de chaleur après qu’ils aient passé des heures exposés au vent glacial et aux températures négatives. Ce sont les premiers instants de repos. Ils en profitent pour une douche, pour changer de vêtements en choisissant parmi ceux mis à disposition grâce à la générosité de la population locale. Les bébés ont enfin droit à une toilette, une nouvelle couche, puis les mamans les bercent dans leurs bras.

Dans un coin de la salle, le responsable du centre d’accueil s’est assis sur un lit et échange avec une dame tout juste arrivée de la frontière. Il lui explique le fonctionnement de l’accueil d’urgence, que les familles pourront rester ici deux ou trois jours, reprendre un peu de forces, puis qu’elles seront aidées pour poursuivre leur chemin jusqu’à la destination de leur choix. Elles prendront le train, le bus, ou attendront qu’une solution plus stable leur soit proposée.


À Sighet, autre point de passage entre l’Ukraine et la Roumanie, l’Unicef et la Croix Rouge roumaine ont mis un peu d’ordre devant la douane. Une tente a été installée pour enregistrer les arrivants de façon organisée. C’est la première petite structure que l’on croise depuis la Moldavie, qui semble avoir pris en compte la fait que le flux de réfugiés risque fort de durer au-delà des deux ou trois premières semaines. Au bord de la route, deux femmes se retrouvent et tombent dans les bras l’une de l’autre. Elles éclatent en sanglots. Les deux femmes sont ukrainiennes. La plus jeune arrive des Pays-Bas spécialement pour venir chercher son amie. En ville, un commerçant a retrouvé une jeune femme seule et en larmes. Totalement perdue, elle cherchait désespérément un endroit pour dormir. Elle sera accompagnée au couvent des capucins, qui a déjà hébergé plus de 180 personnes en moins de deux semaines.

La détresse des réfugiés au poste frontière de Siret
La détresse des réfugiés au poste frontière de Siret

Organiser l’accueil dans la durée

Dans la petite ville de Siret, qui compte environ 9500 habitants, Marcella et son époux Simon se sont largement impliqués. Ils aident à répondre à l’urgence mais se demandent quel sera le plan à mettre en place dans les prochaines semaines. «Si la situation perdure, la générosité spontanée des habitants va très certainement diminuer», dit Marcella. Par ailleurs, le couple explique que cet accueil comporte un coût et que les factures de gaz, d’électricité et de carburant ont fortement augmenté. Le budget des roumains s’en ressent, «et à un certain moment, les gens vont forcément moins donner. Des structures plus organisées devront prendre le relai», explique Simon.

Poste frontière de Sighet

Plusieurs ONG internationales ont envoyé des équipes dont la première mission est d’évaluer les besoins. En lien avec les autorités, si la guerre s’installe durablement, elles seront appelées à déployer des moyens importants pour gérer le flux de réfugiés sur le long terme, et prendre le relai des populations locales. La Croix-Rouge italienne, Emergency, Save the Children, le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés et d’autres organisations étudient actuellement toutes les possibilités pour prendre en charge le plus important flux de réfugiés en Europe depuis la Seconde guerre mondiale.


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09 mars 2022, 22:39