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Des manifestants soudanais dans la ville jumelle de Khartoum, Omdurman, le 29 janvier 2019. Des manifestants soudanais dans la ville jumelle de Khartoum, Omdurman, le 29 janvier 2019.  

Au Soudan, les enseignants rejoignent la contestation

Au Soudan, c’est au tour des enseignants de manifester contre le pouvoir d’Omar el-Béchir, ils étaient plus de 300 professeurs et conférenciers réunis mercredi 30 janvier à l’université de Khartoum, traditionnellement un lieu fort de contestation.

Marine Henriot, avec agences - Cité du Vatican

À Khartoum, la plus ancienne université du pays, souvent en tête de manifestations anti-gouvernementale, rejoint la vague de contestation débutée le 19 décembre. Les manifestations déclenchées par la décision du gouvernement de tripler le prix du pain se sont transformées en mouvement de contestation réclamant le départ du président Béchir, au pouvoir depuis un coup d'Etat soutenu par les islamistes en 1989. 

Une vague de contestation inédite, sans leader affirmé, mais qui a essaimé dans 35 villes et dans une majorité des provinces soudanaises. Le puissant Service national du renseignement et de la sécurité (NISS) mène la répression des manifestations et a détenu depuis décembre plus de 1000 manifestants, leaders de l'opposition, militants et journalistes, selon des ONG. Selon un bilan officiel, trente personnes ont perdu la vie depuis le début du mouvement. Des ONG évoquent toutefois plus de 40 morts.

Un pays exsangue

Alors qu’Omar el-Béchir célèbre cette année ses 30 ans de règne, les Soudanais sont exaspérés. Depuis 2011 et l’indépendance du Soudan du Sud, le pays a perdu l’essentiel de recettes pétrolières et l’inflation culmine à 70% par an. Le sud du Soudan est déchiré par des conflits au Darfour, dans la région des monts Nuba et dans la région du Nil Bleu.

Cependant, Omar el-Béchir et son gouvernement comptent bien s’accrocher au pouvoir, le président a refusé de démissionner et imputé les violences lors des manifestations à des «conspirateurs» «Nous n'accepterons pas que le Soudan s'effondre ou sombre dans le chaos», a déclaré ce mercredi le ministre de la défense soudanais, Awad Ibnouf, dans un communiqué. Le siège présidentiel constitue l’assurance vie d’Omar el-Béchir : il est poursuivi par la Cour pénale internationale pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide au Darfour. Légère flexion du pouvoir lundi 29 janvier, les autorités soudanaises ont annoncé la libération de toutes les personnes détenues dans le cadre du mouvement de contestation.

Des soutiens internationaux

Le régime d'el-Béchir peut compter sur le soutien de pays musulmans. L'Arabie saoudite a exprimé sa «solidarité avec la République du Soudan qui fait face à des défis économiques» et a envoyé une délégation saoudienne pour renforcer les liens commerciaux avec le Soudan, les deux pays sont également alliés au sein de la coalition progouvernementale intervenant contre les rebelles Houthis au Yémen.

Le Qatar et l'Égypte ont eux aussi fait part de leur soutien au président soudanais. 

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31 janvier 2019, 11:42