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A Managua, funérailles d'un manifestant tué par les forces de police A Managua, funérailles d'un manifestant tué par les forces de police

Au Nicaragua, l'appel du nonce pour la reprise du dialogue

La répression des autorités ne connait pas de répit au Nicaragua. La ville de Masaya, symbole du mouvement de contestation contre le président Ortega est occupée par des forces de police. Le nonce apostolique demande le retour au dialogue, tandis que les attaques se multiplient contre l’Eglise catholique.

Rien ne semble désormais pouvoir enrayer la spirale de violence qui sévit dans le pays. Cela fait 3 mois maintenant que l’opposition et la société civile demandent le «retour à la démocratie», et la démission du président Daniel Ortega, au pouvoir depuis 2007 avec sa femme, Rosario Murillo, qui occupe la fonction de vice-présidente. Les manifestations sont durement réprimées; on compte plus de 360 morts depuis le 18 avril dernier.

L’appel du nonce apostolique

C’est dans ce contexte explosif que le nonce apostolique au Nicaragua, Mgr Waldemar Stanilaw Sommertag a lancé un appel relayé par les médias locaux : «En ce tragique moment, je désire exprimer, également au nom du Saint-Père et du Saint-Siège, une profonde inquiétude pour la situation grave que vit actuellement le pays. Il n’est logiquement pas acceptable de penser que les morts et les victimes de la violence puissent résoudre une crise politique, et garantir un futur de paix et de prospérité au Nicaragua».

«En pleurant pour tous les morts et leurs familles, poursuit le nonce, de toutes mes forces, humaines et spirituelles, je fais appel à la conscience de tous, pour qu’une trêve soit conclue, que nous retournions  rapidement à la table du dialogue national, et que nous cherchions ensemble une solution adéquate afin de résoudre la crise. Mettons-nous tous sous la protection de la Bienheureuse Vierge Marie, demandons son aide, afin qu’elle guide toujours notre bien-aimé Nicaragua».

Multiplication des attaques contre l’Eglise

Ce mardi, les forces de police et les paramilitaires ont pris le contrôle du centre de Masaya, ville située à une trentaine de kilomètres de la capitale et devenue le symbole de l’opposition au président Ortega. L’opération aurait duré plus de 7 heures; une association locale de défense des Droits de l’homme fait état de 3 morts, et de plusieurs blessés; ce bilan est toutefois impossible à vérifier, l’accès à la ville étant défendu par les forces de police déployées en nombre sur place.

L’Eglise catholique est, quant à elle, toujours plus la cible de menaces et d’attaques. Hier encore, la paroisse de la Divine Miséricorde à Managua a été attaquée par des paramilitaires qui ont saccagé l’église, brisé les statues et profané le tabernacle (cf. photos). Le 9 juillet dernier, le cardinal Leopoldo Brenes, l’archevêque de la ville, et avec lui le nonce apostolique et plusieurs autres évêques ont été insultés et physiquement pris à partie par des activistes pro-gouvernementaux. Il y a plusieurs jours, un autre évêque, Mgr Abelardo Mata, a échappé de peu à un attentat. Malgré ces agressions constantes, les évêques du pays, encouragés par le Pape François, ont décidé à l’unanimité de continuer le dialogue national dont ils sont les «témoins et les garants», déplorant toutefois le «manque de volonté politique des autorités» en ce sens.

Condamnations unanimes

Les évêques du Mexique, d’Argentine, du Panama ou encore du Costa-Rica ont exprimé leur solidarité avec leurs confrères du Nicaragua, s’inquiétant, par le biais de divers communiqués et lettres, de la tournure prise par les événements.

De son côté, le Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guttieres, a vivement dénoncé l’usage excessif de la force ordonné par Daniel Ortega. Ce mercredi, l’Organisation des Etats américains devrait voter une résolution demandant la fin des violences et démantèlement des groupes paramilitaires qui agissent impunément dans tout le pays.

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18 juillet 2018, 12:14