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Mgr Luc Terlinden, archevêque de Malines-Bruxelles. Mgr Luc Terlinden, archevêque de Malines-Bruxelles.  

L’Église belge appelle la société civile à s’engager auprès des victimes d’abus

Les évêques belges ont été auditionnés le 23 février dans le cadre de la nouvelle commission parlementaire spéciale sur les abus. Au micro de Radio Vatican, l’archevêque de Malines-Bruxelles Luc Terlinden appelle l’ensemble de la société à se mobiliser pour la reconnaissance et l’accompagnement des victimes d'abus sexuel.

Alexandra Sirgant – Vatican News

Auditionnés vendredi 23 février par la commission parlementaire spéciale sur les abus, les évêques belges ont renouvelé leur engagement pour soutenir les victimes d’abus sexuel. Cette nouvelle commission, qui publiera son rapport fin mars 2024, a été lancée par le Parlement de Belgique le 10 novembre 2023, dans le sillage de la diffusion par la télévision flamande du reportage Godvergeten. Ce documentaire, qui donne la parole à une vingtaine de personnes abusées dans leur enfance par un prêtre ou une personne en lien avec l’Église, avait provoqué une vague d’indignation dans le nord du pays.

 

«Cela a suscité énormément d'émotion car pour la première fois, on voyait et on entendait des victimes s'exprimer, et avec des témoignages très prenants car ce sont des souffrances énormes et des crimes qui ont été commis» explique l’archevêque des Malines-Bruxelles, l’un des trois évêques auditionnés. Cependant, Mgr Luc Terlinden déplore que ni les responsables de l’Église ni les personnes recueillant la parole des victimes dans les «points de contacts» n’aient été entendus. «Nous voulons mieux faire» assure l’archevêque, tout en ne cachant pas sans surprise face aux critiques reçues concernant les actions mises en place conjointement avec le Parlement. «Il faut tout de même reconnaitre ce qui a été fait, et le fait que nous sommes la seule institution à faire cela en Belgique, notamment sur l'accueil des victimes dont les faits sont prescrits».

Vingt ans de lutte contre les abus

Renouvelant les excuses de l’Église belge envers les victimes et leurs familles, les évêques auditionnés vendredi ont tenu à rappeler les mesures mises en place depuis la première commission en 2010, lancée peu après la démission de l’évêque de Bruges, Mgr Roger Vangheluwe, qui avait reconnu avoir abusé sexuellement de son neveu.

«Les initiatives ne datent pas de 2010, précise Mgr Luc Terlinden, des points d’écoutes et des commissions mixtes avaient déjà étaient mis en place spécialement pour l’accueil des victimes dès 1997». En septembre 2010, après la publication du rapport «Adriaensses» révélant l’ampleur de 500 cas d’abus sexuels commis au sein de l’Église belge, le Parlement lance une première commission sur les faits de pédophilie dans l’Église.

Un centre d’arbitrage est alors mis en place avec le Parlement, permettant aux victimes dont les faits étaient prescrits au niveau judiciaire d’être écoutées, reconnues et indemnisées à la hauteur de ce qu’elles auraient pu recevoir en cas de procès. Ces indemnisations peuvent aller jusqu’à 25 000 euros. Des points de contacts, encore en activité, sont également établis dans chaque diocèse pour recueillir les plaintes des victimes.

«A côté de ça, nous avons accentué la prévention, notamment par la formation des séminaristes, mais également à l’aide de sessions régulières et obligatoires pour tous ceux qui exercent une responsabilité dans l'Église» détaille Mgr Terlinden. «Depuis 2010, nous avons organisé sur toute la Belgique plus de 60 sessions de formation».

S’intéresser à toutes les victimes

L’Église belge assure vouloir aller plus loin, en ne se limitant plus uniquement aux victimes d’abus sexuel dans le cadre de l’Église, mais à celles présentes dans l’ensemble de la société. «C’est un appel à la société et à nos gouvernants aussi pour vraiment mettre en œuvre une politique globale de lutte contre les abus» explique l’archevêque Belge, en ajoutant que beaucoup de victimes en dehors de l’Église n’ont pas reçu de reconnaissance ni d’accompagnement.

Luc Terlinden, archevêque de Malines-Bruxelles.

Pour venir en aide à des victimes d’abus au sein de l’Église, les évêques demandent également la mise en place de centres d’accueil «neutres» pour apporter une aide psychologique sans lien avec l’Église, comme le souhaitent certaines personnes. Enfin, Mgr Terlinden a assuré que l’institution qu’il représente était prête à «collaborer à un plan de développement de soutien thérapeutique professionnel», y compris à travers des contributions financières.

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26 février 2024, 15:24