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Les Sœurs Oblates de Saint François de Sales apportent des produits de première nécessité à la ville montagneuse d'Alausí en Equateur. Les Sœurs Oblates de Saint François de Sales apportent des produits de première nécessité à la ville montagneuse d'Alausí en Equateur.  #SistersProject

Équateur: les habitants d'Alausí reçoivent l'aide des Oblates de St François de Sales

Les Sœurs Oblates de Saint François de Sales dirigent une école dans la ville montagneuse d'Alausí, en Équateur. Depuis le glissement de terrain du 26 mars, rien n'est plus comme avant. Sœur Klara-Maria Falzberger, originaire d'Autriche, se rend régulièrement dans la ville pour apporter des produits de première nécessité et beaucoup d'espoir.

Franziska Gömmel – Cité du Vatican

Le matin, à 4h30, sœur Klara-Maria Falz-berger part de Quito, où elle vit depuis 1997: son pick-up est chargé de nourriture, de couvertures et de bien d’autres choses dont les personnes affectées par l’éboulement ont besoin. Alausí est à 400 km de la capitale, et il faut huit heures à sœur Klara-Maria pour y arriver. Il y a quelques semaines encore, ce trajet n’aurait pris que cinq heures, mais fin mars 2023, il y a eu un fort glissement de terrain dans cette ville où les Sœurs Oblates de Saint-François de Sales (l’ordre auquel appartient sœur Klara-Maria) dirigent une école.

La vue de notre école dans la "zone 0".
La vue de notre école dans la "zone 0".

«Il était environ 21h10, dimanche soir, lorsqu’un de nos professeurs de l’école de Quito, dont les parents vivent à Alausí, m’a appelé en désespoir: "La montagne s’est effondrée et je ne sais pas ce qui est arrivé à ma famille". J’ai immédiatement essayé de contacter mes sœurs, qui m’ont dit: "Nous ne savons pas ce qui s’est passé: il y a eu un tremblement de terre, une coupure de l’électricité et maintenant les gens sont sortis dans la rue et crient. Tout le monde pleure et crie. On ne voit rien, il y a un nuage de poussière — espérons que rien n’est arrivé aux autres! Nous, nous allons bien…"».

Partir n'a jamais été une option 

Lors de ses visites, sœur Klara-Maria essaie de distribuer les biens qu’elle apporte directement aux personnes restées à Alausí. Le surplus est conservé à l’école. Actuellement, sœur Klara-Maria et ses consœurs ne viennent plus chaque semaine au village de montagne, mais maintiennent une certaine régularité dans leurs visites.

Immédiatement après l’éboulement, cinq religieuses sont restées à Alausí pour prendre soin des gens. Au début, il n’était pas possible de vivre à l’école et elles ont donc déménagé dans la ville de Sibambe, à environ 30 kilomètres de là. Cependant, la fermeture définitive de l’école n’a jamais été une option, comme le souligne sœur Klara-Maria: «Ce dont les gens ont besoin, c’est que nos religieuses restent avec eux. Nous pourrions dire que la situation est vraiment dangereuse et décider de nous retirer, mais cela n’est pas possible. Les gens nous demandent de ne pas fermer l’école: “Nous ne pouvons même pas imaginer que l’école ne soit plus là! Nous avons besoin de vous!”. Partir, ce serait comme trahir tous ces gens…».

Le déséspoir et les larmes ont laissé la place à l'indifférence

Entre-temps, la vie quotidienne a plus ou moins repris à Alausí. De nombreuses familles n’ont toujours pas de maison, car la leur est ensevelie sous l’éboulement, explique sœur Klara-Maria: «Malheureusement, elles attendent encore que l’Etat, tôt ou tard, leur assigne un nouveau terrain». Fin juin, le gouvernement équatorien a également suspendu l’acheminement de l’aide d’urgence aux victimes de la catastrophe naturelle. C’est pour cette raison que la population locale commence à reconstruire le village par elle-même, autant que possible, en attendant l’aide du gouvernement: pour relier Alausí aux villages de montagne environnants, par exemple, elle a stabilisé le glissement de terrain pour créer de nouvelles liaisons routières.

Après l’éboulement, les religieuses sont restées à Alausí pour que les gens aient quelqu’un à qui parler ou quelqu’un qui les écoute. Sœur Klara-Maria constate que les familles ne parlent pas de ce qui s’est passé: le désespoir et les larmes du premier instant ont été remplacées par «une indifférence presque inhumaine». «On a tendance à minimiser: “Bon, ce n’est pas grave, ça aurait pu être pire, on est encore en vie et ça va comme ça”. Mais si quelqu’un vient “d’en-dehors du village” et pose des questions, eh bien, avec cette personne, tu peux “te décharger” de tout ce que tu as gardé comprimé au fond de toi-même pour ne pas blesser les autres».

Reprendre la vie comme avant 

En premier lieu, les Oblates veuillent à rétablir les rythmes de la vie quotidienne à Alausí. Au début, les cours ne pouvaient avoir lieu que virtuellement, mais les sœurs y étaient habituées depuis l’époque de la pandémie. Immédiatement après la catastrophe, les religieuses ont contacté tous les élèves pour leur demander des nouvelles de leur santé, de leur maison et s’ils avaient perdu l’un de leurs proches.

Les Oblats soutiennent le peuple d'Alausí.
Les Oblats soutiennent le peuple d'Alausí.

«Et il n’y a presque personne qui ne pleure pas l’un de ses proches. Ce ne sont pas toujours des membres de la famille, mais peut-être des voisins, des amis, des souvenirs… […] Les enfants ont besoin de distraction, ils ont besoin de quelqu’un à qui parler, ils ont besoin de sentir que “la vie continue, même si dans ma famille il y a eu sept, huit morts: malgré la douleur, je dois poursuivre ma vie”... Ce n’est pas seulement une aide intellectuelle, c’est une forme de soutien totalement humaine…».

Fin juin 2023, trois mois après le glissement de terrain, les travaux de récupération ont été arrêtés. A cette date, les sauveteurs avaient récupéré 65 morts, mais sœur Klara-Maria sait qu’il y a au moins dix autres personnes qui resteront à jamais ensevelies par l’éboulement, car Nuevo-Alausí est encore recouvert par 40 mètres de terre. Il était prévisible qu’un glissement de terrain se produise, ils sont fréquents dans cette zone, mais jamais ils n’avaient atteint de telles proportions. Pour cette raison, beaucoup de gens étaient convaincus qu’ils se seraient rendus compte que la terre commençait à s’effondrer et qu’ils auraient eu le temps de s’échapper.

Les religieuses auprès des locaux.
Les religieuses auprès des locaux.

Immédiatement après l’éboulement, beaucoup de gens sont partis parce que leur maison était détruite ou simplement parce qu’ils craignaient que la montagne continue à s’écrouler. Mais ces derniers mois et semaines, nombre d’entre eux sont rentrés. À long terme, les frais de sous-location dans les villages voisins étaient trop élevés, l’école ou le travail trop éloignés.

L'espérance et la solidarité 

Après la grande frayeur qui a immédiatement suivi le glissement de terrain, sœur Klara-Maria et ses consœurs ont trouvé un nouvel espoir dans la ville. Et c’est ainsi que le 26 avril, un mois après la catastrophe, le drapeau d’Alausí a été hissé à nouveau sur le «Puente Negro».

«Par exemple, depuis Quito, les élèves de nombreuses écoles, qui ne connaissent ni les enfants d’Alausí, ni notre Institut, nous ont envoyé des aides, et pas seulement des produits de première nécessité. L’initiative d’une école qui a demandé à ses élèves du primaire d’écrire des lettres à apporter aux enfants d’Alausí a été particulièrement affectueuse. La première fois, j’ai moi-même apporté un sac rempli de lettres pour que nos religieuses puissent transmettre aux enfants, aux professeurs et aux gens les messages qu’elles contenaient: “Je suis avec toi. Ne te décourage pas. Le Seigneur te protège”. Ce sont de toutes petites pensées qui redonnent de l’espoir...».

La "zone 0" un mois après le glissement de terrain.
La "zone 0" un mois après le glissement de terrain.

Des messages semblables ont également été écrits sur les canettes que les Sœurs Oblates de Quito ont apportées à Alausí. Immédiatement après l’éboulement, les Sœurs Oblates de Saint-François de Sales en Autriche ont lancé une campagne de collecte de fonds qui s’est terminée depuis. Mais sœur Klara-Maria sait qu’elle peut toujours compter sur ses consœurs, même hors de l’Équateur, et sur leur soutien en cas de besoin. «Je crois que l’entraide est une lumière pour ceux qui croient avoir tout perdu. Il y a une immense solidarité dans la population: c’est dans ces circonstances qu’on se rend compte que les gens s’entraident».

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27 décembre 2023, 11:31