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Des chrétiennes pakistanaises en prière lors des célébrations du Vendredi Saint, le 19 avril 2019. Des chrétiennes pakistanaises en prière lors des célébrations du Vendredi Saint, le 19 avril 2019. 

Les droits des minorités au Pakistan au cœur d’une conférence à Karachi

La Fondation “Aide à l’Église en Détresse” a organisé à Karachi une conférence de presse en présence d’une avocate catholique impliqué dans la défense des minorités.

Cette conférence de presse avait pour objectif de porter l’attention sur le phénomène des jeunes femmes hindoues et chrétiennes notamment, parfois encore adolescentes, qui sont converties de force à l’islam. L’avocate Tabassum Yousaf, elle-même catholique, a expliqué que chaque année, «au moins mille de nos filles sont enlevées, violées, obligées de se convertir à l’islam et contraintes d’épouser leurs bourreaux». Des représentants des minorités religieuses, comme le cardinal Joseph Coutts, archevêque de Karachi, mais aussi des responsables musulmans, ont assisté à cette conférence, qui était organisée dans la perspective de la prochaine Journée des minorités, le 11 août prochain.

Plusieurs points précis ont été proposés, notamment le fait de fixer à 18 ans l’âge minimal pour contracter un mariage, et sur un plan politique, le rétablissement du poste de ministre fédéral des minorités, car Shahbaz Bhatti n’a pas été remplacé après son assassinat en 2011. Tabassum Yousaf remercient tous ceux qui prient pour les minorités et agissent en leur faveur partout dans le monde, et notamment le Pape François.

Promouvoir l’état de droit

Dans une interview à L’Osservatore Romano, l’avocat chrétien Sardar Mushtaq Gill, défenseur des droits humains, a pour sa part rappelé que «la vie des minorités religieuses au Pakistan est marquée par les violences, les discriminations, les abus des droits humains fondamentaux».

«Le gouvernement devrait en prendre pleinement conscience, et agir en conséquence, pour protéger les citoyens pakistanais non-musulmans et promouvoir l’état de droit, la justice et la liberté». Il explique que les violences à l’encontre des chrétiens sont en augmentation. Les organisations internationales comme l’Onu devraient s’investir sur ces questions en menant des enquêtes approfondies.

L’injustice de la loi sur le blasphème

De nombreuses personnes traversent «un long calvaire judiciaire» en raisons d’accusations de blasphème, et vivent l’épreuve de la prison, de la perte du travail et de la maison ou encore de l’obligation de vivre cachés pour échapper aux exécutions sommaires. Parmi les cas les plus récents figure l’affaire des époux chrétiens Shafqat Emmanuel et Shagufta Kausar, condamnés à mort en 2014 avec l’accusation d’avoir envoyé des sms blasphématoires.

Face au problème des conversions forcées, «une loi fédérale anti-conversion qui protège explicitement la liberté de conscience et de foi et punisse chaque abus» est nécessaire. La traite des êtres humains s’organise aussi autour d’hommes d’affaires chinois qui piègent des jeunes filles chrétiennes pour les faire sortir du pays.

Sardar Mushtaq Gill précise enfin que les minorités religieuses ne doivent pas se ghettoïser et se séparer du reste de la société. Il rappelle que les chrétiens et les hindous apportent une précieuse contribution à la société, qu’ils sont «de vrais patriotes, qui aiment et sont prêts à donner la vie pour la nation. Aujourd’hui, nous sommes appelés à travailler ensemble pour la prospérité de notre pays bien-aimé», insiste-t-il.

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08 août 2019, 18:17