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Père Juan Angel Lopez, porte-parole de la Conférence épiscopale du Honduras, en conférence de presse à Tegucigalpa, le 6 juin 2019 Père Juan Angel Lopez, porte-parole de la Conférence épiscopale du Honduras, en conférence de presse à Tegucigalpa, le 6 juin 2019 

Les évêques du Honduras excédés face aux dérives du pouvoir

Dans leur dernier message, les évêques membres de la Conférence épiscopale du Honduras lancent un cri d’alarme face à la situation de leur pays. Ils craignent que les dérives actuelles de l’exercice du pouvoir politique et les multiples problèmes sociaux ne plongent le Honduras «dans une crise très difficile à surmonter».

Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican

Outre le chômage, la violence, la corruption, les «graves déficiences» des systèmes de santé et d’éducation, les évêques honduriens pointent d’autres aspects préoccupants dans ce message daté du 6 juin dernier. Notamment sur le plan politique, où se manifestent des «problèmes dans la manière de légiférer du Congrès National du Honduras, des problèmes dans les décisions de l’Exécutif, dans les crises des entreprises d’État, dans les services d’énergie, d’eau, de transport, etc.».

Une situation explosive, gérée avec «inefficience» aux yeux des prélats, et dont «les conséquences peuvent plonger le Honduras dans une crise très difficile à surmonter». Pour l’épiscopat du pays, les causes résident d’abord dans la mauvaise gestion de l’État, mais aussi dans une «politisation», «introduisant de doubles agendas et ternissant la clarté des objectifs» établis.

Les évêques mentionnent également les manifestations de la population, qui se veulent pacifiques. «La responsabilité de la police est de garantir l’ordre et la sécurité de toute la population. Cependant, certaines actions policières peuvent être qualifiées comme des actes de force disproportionnée» qui «ajoutent un autre élément de gravité aux conflits», regrettent-ils.

Sortir sans délai de la «décadence morale»

Ils s’interrogent ensuite sur la situation de l’état de droit, au regard de multiples errements: une «Constitution violée» à multiple reprises, «des pouvoirs qui ne sont en rien indépendants», «un Congrès qui s’est transformé en un théâtre des pires acteurs», sans parler de la corruption, d’une «honteuse vente des biens naturels de notre terre» et d’autres agissements vigoureusement dénoncés. «Tout cela, et bien plus, fait jaillir de nos cœurs un “ça suffit !”», lâchent les évêques honduriens.

«La décadence morale dans laquelle est en train de tomber notre pays nous préoccupe grandement», poursuivent-ils, allant jusqu’à rappeler qu’«il n’est jamais licite de faire le mal pour obtenir un bien».

Dans une dernière partie de ce message rédigé au terme de leur assemblée plénière tenue à Tegucigalpa, les évêques formulent des recommandations, sous la forme de cinq points essentiels pour garantir l’harmonie de la nation: le respect de la loi, la confiance, l’éthique politique, la recherche de la vérité et le dialogue. Ils s’adressent à la fois aux «institutions de l’État» et à «toute la société». Cette dernière est particulièrement encouragée par l’épiscopat à s’engager pour le bien commun, dans un contexte douloureux. Les citoyens honduriens sont appelés à prendre conscience «qu’un changement est possible pour progresser» et à s’engager pour «le réaliser de manière solidaire».

 

 

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07 juin 2019, 16:14