Rwanda : La famille Rugamba, modèle d’unité de famille
Donatien Nyembo SJ – Cité du Vatican
Le 18 septembre 2015, s’ouvrait à Kigali, la capitale rwandaise, les causes de canonisation de Cyprien et Daphrose Rugamba. C’était au cours d’une célébration eucharistique présidée par Monseigneur Thaddée Ntihinyurwa, alors archevêque de Kigali, dans la cathédrale Saint Michel. 6 ans après, le cardinal Antoine Kambanda, archeveque de Kigali, a annoncé avec joie, la fin de la phase diocésaine du procès de cette famille dont la réputation de sainteté est très répandue parmi les chrétiens du Rwanda.
Brève biographie
Cyprien (1935-1994) et Daphrose (1944-1994) sont originaires de la même paroisse au sud du Pays. Après deux ans et demi de séminaire, Cyprien poursuit des études d’histoire au Burundi et en Belgique. Il travaille dans la haute administration. Spécialiste reconnu des sciences humaines, il consacre une grande partie de son temps à la poésie, à la musique et à la chorégraphie. Quant à Daphrose, elle devient enseignante. Par la suite, elle se consacrera à ses enfants.
Un couple engagé dans l’évangélisation
Le couple se marie en janvier 1965 mais connaîtra de grandes difficultés conjugales jusqu’à la conversion de Cyprien en 1982 pour laquelle priait ardemment son épouse. Dès lors ils deviennent un couple où l’amour, la tendresse, la délicatesse, la connivence sont visibles de tous. Cette expérience de l’épreuve de leur mariage et l’action guérissante de la conversion leur donne une force particulière pour l’évangélisation des couples africains. Ils vivent alors une vie de foi intense à travers le renouveau charismatique et les groupes de prières. Ils exercent la compassion particulièrement auprès des malades et des enfants des rues. Ils rencontrent la Communauté de l’Emmanuel en 1989 par l’intermédiaire de Fidesco, lors d’un séjour à Paray-le-Monial. De retour dans leur pays, ils commencent une maisonnée (groupe de partage hebdomadaire). Le premier week-end communautaire a lieu les 22-23 septembre 1990. La Communauté de l’Emmanuel au Rwanda est née. Au moment de leur mort 3 ans après, la Communauté compte une centaine de membres rwandais. Aujourd’hui, ils sont 1000.
Une famille unie jusqu’au martyr
Leur attitude pacifiste ainsi que les prises de positions publiques de Cyprien dénonçant les appels à la violence et la mention ethnique sur les cartes d’identité dans le climat de guerre civile montante, ont placé les Rugamba en tête des personnalités à abattre. Ils seront assassinés le premier jour du génocide à leur résidence avec 6 de leurs 10 enfants.
« Le 7 avril 1994, premier jour du génocide, les soldats de la garde présidentielle investissent la maison de la famille. « Es-tu toujours chrétien ? », demande leur chef à Cyprien. « Oui », répond celui-ci. Les soldats rassemblent toute la famille dans le jardin et ils tirent. Tous s’écroulent sur le sol : avec les parents, meurent Émerita, Serge, Cyrdy, Dacy, Cyrdina, Ginie et la petite cousine Gabrielle »
Modèles pour les familles
Pour l’archevêque de Kigali, l’exemple de vie de la famille Rugamba nous enseignent l’engagement. Un engagement vécu comme conséquence de la proximité de Dieu. La famille Rugamba met en lumière le pardon comme ferment d’unité dans le couple, en même temps que l’engagement contre toute forme d’exclusion, d la sainteté en famille, de l’ouverture aux plus pauvres.
Avec, le covid-19 et l’expérience de la pandémie, estime le cardinal Kambanda, le rôle de la famille comme église domestique est plus que jamais à valoriser. C'est donc, à en croire le prélat rwandais, un signe de la providence divine
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